Un chien agressif ne peut pas être travaillé au renforcement positif – Partie 1

Partie 1: La bouffe, le stress, « À L’AIDE mon chien ne veut pas manger! »

Si comme moi, vous avez un chien qui refuse de manger dès qu’il passe le pas de la porte, vous vous êtes peut-être déjà dit qu’il n’était pas gourmand et que vous ne pourriez donc pas l’entraîner avec de la nourriture. Avez-vous déjà pensé au fait que ce pouvait être parce que quelque-chose le rendait nerveux ou qu’il était trop stimulé par l’environnement qu’il était incapable de manger?

Pour mieux vous faire comprendre ce qui se passe dans le corps de votre chien, voici un exemple de la même manifestation chez l’humain : Si je suis surexcitée ou stressée par rapport à une situation X (comme un gros examen ou des retrouvailles très attendues), je n’ai pas très faim. Ce phénomène est causé par le système nerveux sympathique[1], fonctionnant de la même manière chez tous les mammifères. PAR CONTRE, si dans la même situation, vous me présentez une palette de mon chocolat préféré, il est très possible que je la mange quand-même. Du même coup, je risque même de me détendre en mangeant celle-ci[2] !

Pour Lounik, ce fût difficile de trouver une gâterie qu’elle accepterait de manger dehors… Dans ma réalité avec un chien « à problèmes » j’ai donc dû essayer-modifier-réessayer-retravailler différentes idées que l’on m’a donné au courant de formations, de discussions avec d’autres éducateurs et même parfois de clients (oui, je vous écoute, quand vous me racontez vos péripéties!).

Voici donc ce qui, selon moi, fonctionne bien

1. De la viande bouillie (steak, poulet, foie, etc.)

Remarquez que du point de vue canin, plus c’est mou, collant et puant, plus il adore! Pas de croquettes – gardez sa nourriture pour les entraînements à la maison.

2. Des tubes compressibles remplis de conserve

Il y a 2 raisons pour lesquelles j’adore utiliser cet outil :

A) La viande et les mitaines, l’hiver, ce n’est pas la joie et un peu irréaliste. Ayant déjà passé deux hivers avec mademoiselle-fine-gueule, mes doigts ont eu droit à plusieurs teintes possibles, dont le rouge, le bleu, le mauve et le blanc. Je suis une personne colorée dans la vie, mais la tolérance au froid n’est pas ma tasse de thé! Ces tubes pourront donc épargner vos doigts de la congélation, en ne diminuant pas pour autant vos opportunités d’entraînements.

B) Vous avez un chien qui a ce regard, qui prend votre récompense car elle semble délicieuse, mais recrache car il est trop stressé? La nourriture en conserve a l’avantage de ne pas avoir besoin d’être mâché.

De la conserve mélangée à de l’eau, pour une belle texture fait des miracles! Si votre chien mange déjà une nourriture molle préparée, utilisez simplement celle-ci. De cette manière, on peut simplement passer une des rations de notre chien dans un entraînement de manière saine, et votre chien va ADORER!

3. « Pacificateur » pour chiens

Je suis consciente que l’on est dans la vraie vie, que l’on se retrouve parfois coincé entre un mur et le déclencheur de son chien (ça m’est déjà arrivé). C’est pour cette raison, que je traîne toujours un ou deux pacificateur pour chiens sur moi lors des promenades. C’est quelque-chose que votre chien devra se casser la tête à manger, mais pas trop, car celui-ci devra être assez « cool » pour que Fido mange pendant qu’il fait des gros yeux à son déclencheur qui passe devant lui. Ne vous détrompez pas, je ne vous dit pas que vous allez régler le problème de votre chien en le mettant dans une situation qu’il réagit assuré en lui plantant un Kong sous le nez! Ce n’est qu’un outil de gestion, pour les fois où vous n’avez aucune possibilité.

Voici ceux qui ont bien fonctionnés avec Lounik, en ordre du meilleur au moins bon :

  • Bully Stick;
  • Oreille de cochon;
  • Sabot de bœuf ou westpaw rempli de conserve.

Encore et comme toujours, ce n’est pas à vous de décider ce que votre chien préfère. Votre voisin n’a certainement pas décidé pour vous, que le brocoli était votre met préféré, car il vous a déjà vu en manger sur votre patio (si c’est le cas, je crois que vous devriez avoir une petite discussion avec celui-ci).

En résumé – Checklist

  • Éviter le repas juste avant la promenade (augmentera sa motivation);
  • Une variété de gâteries – petites, molles, collantes, puantes, exclusives à vos sorties à l’extérieur. Calculez la quantité que vous croyez nécessaire et multipliez par 3. C’est la quantité dont vous aurez besoin ;). Pas de croquettes – gardez sa nourriture pour les entraînements à la maison;
  • « Pacificateur » pour chiens – Quelque-chose de comestible, que votre chien vous échangerait pour et qu’il doit mastiquer quelques secondes.

Mot de la fin

C’est avec cette liste d’aliments que j’ai pu me rendre où j’en suis aujourd’hui avec Lounik. J’ai passé de mademoiselle-fine-gueule qui chargeait tout humain qui osait se trouver à 50pi et moins d’elle, peu importe ce que je lui mettais devant le nez, à un chien presque normal, avec qui je peux me promener en plein centre-ville de Trois-Rivières. Je peux même m’arrêter et discuter avec le voisinage, alors qu’elle mange les gâteries sèches et plates que je lui offre.

Je peux vous dire une chose. Avec moi, l’argument « c’est beau le renforcement positif, mais ça marche pas avec les chiens agressifs, parce qu’ils ne veulent pas manger » ne fonctionne pas… Been there, done that. Il suffit d’avoir un éducateur canin qualifié qui saura vous guider, vous comprendre et vous épauler dans ce cheminement.

[1] Système nerveux sympathique : C’est lorsque le corps est en mode urgence, en mode survie. Le système digestif arrête de faire son travail, afin de mettre son énergie sur ce qui est important – La vision, l’ouïe et les muscles, pour mieux fuir.

[2] Sécrétion d’endorphine causée par le fait de manger quelque-chose que nous apprécions particulièrement

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